Paul Ladrière
Published: 2001
Total Pages: 468
Get eBook
Les auteurs dont il est principalement question dans cet ouvrage (Durkheim, Weber, Habermas et Bourdieu) poursuivent, quoi qu'on en pense, le même objectif. Chacun est soucieux de la spécificité et de la relative autonomie des sciences humaines et sociales. Chacun emprunte cette nouvelle voie dans l'histoire des sciences en reconnaissant de facto les liens qui continuent exister entre sociologie et philosophie. Lorsqu'il est question de problèmes moraux, ils les situent dans le cadre général de l'action, si bien que leur sociologie de la morale est intimement intégrée à leur théorie propre de l'action. La réticence vis-à-vis des particularismes et vis-à-vis d'un pur relativisme, réputés indépassables, leur est pour l'essentiel commune. Aucun d'eux ne fait basculer la morale dans l'irrationnel et ceci en raison du rapport à leurs yeux indestructible qui existe entre raison et morale. On peut penser que cette proximité saisissante de quatre sociologies par ailleurs divergentes indique une affinité avec la philosophie kantienne et, plus loin, avec l'éthique aristotélicienne. C'est pourquoi la première partie de l'ouvrage débute par une lecture de l'Ethique à Nicomaque et de la Critique de la raison pratique. Ces lectures sont celles d'un sociologue à la recherche des racines de sa propre discipline et d'un parcours possible de la raison pratique. La seconde partie de l'ouvrage procède à une mise au point critique de concepts nécessaires à l'élaboration d'une sociologie de l'éthique : la personne, l'espace public, la responsabilité, le long terme.