Eric Guglielmi
Published: 2007
Total Pages: 120
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Si Touba, capitale de la confrérie des mourides, était une symphonie, le magal en serait la gamme majeure. Ce jour commémore le départ en exil pour le Gabon de Cheick Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie. Ce matin, Touba la sainte est devenue ville cosmopolite envahie de chaleur humaine, oasis écrasée d'un soleil de plomb, coin de terre irrigué de sacralité, cité vibrante de foi, qui attend de pied ferme les visiteurs. De tous les coins du monde, ils sont venus, touristes ou voyageurs, mais surtout fervents disciples mourides, ces héros aspirés par l'aventure, la fortune et l'Outre-mer.Un jour, taraudés par le désir d'immigrer et la fuite de l'espace national, les mourides se sont arrachés du confort, ont émigré, travaillé dur, avant de revenir s'abreuver à la source. Touba, foyer ardent, malgré le déferlement de deux millions de personnes, ne succombera point sous le poids du nombre. Il y a là du bruit et des senteurs fortes. Il y a des couleurs vives. Il y a un goût de sable fin et de poussière.Il y a le pépiement des oiseaux. Il y a des idiomes étrangers et des dialectes locaux mêlés aux appels réguliers du muezzin. Il y a des rues propres et des venelles encombrées, des voitures rutilantes et des vieux camions qui hoquètent le long des routes, des coups de klaxon, des sirènes et la musique, l'enivrante musique des chants religieux. Il y a, enfin, des hommes, des femmes, des enfants, tous croyants mais tous différents, visiteurs venus de tous les horizons. Touba, ce jour, est un réservoir de clichés contrastés, la cité de tous les superlatifs, la Mecque et la Sorbonne de tous les mourides du monde. Evènement religieux unique en Afrique, le magal, en langue wolof, signifie commémoration. Il désigne le déferlement de deux millions de personnes à Touba, cité religieuse près de Dakar. Une fois par an, les mourides arrivent du monde entier pour célébrer le magal, qui commémore le départ en exil du cheikh Ahmadou Bamba, résistant à la colonisation, inspirateur de la Confrérie des mourides en 1887.